Manuel de survie en Dreanor (Option Mort-vivant)

“Il pleut beaucoup, quand même.
- C’est du sang.
- Cesse de casser mes tentatives de me sentir bien, Tyrhan.
- Personne ne t’a demandé de me suivre, Nedran.
- Pour rater toutes les merveilleuses reliques dont ce monde regorge ? Il peut me pleuvoir autant de sang qu’il est possible sur le nez.
- Cesse de te plaindre alors.”


La porte avait vomi les personnes y passant comme un géant ayant mangé trop de viande avariée. Tyrhan n’avait eu que le temps d’appercevoir Thaleras. Une fois. Anyel et Sav’Serre, deux fois. Lisonelle, vers laquelle elle avait tendu sa main effilée comme cherchait le réconfort de la prêtresse. Une dernière fois, avant que la guerre, le sang ne lui emplisse l’être. Elle avait combattu sans réfléchir, sans plan, sans rien. Elle avait vu une façon de fuir, elle avait vu cette large falaise, elle avait grimpé comme une salamandre chétive et folle contre la pierre. Et depuis les hauteurs, elle avait scruté. Personne. Son souffle se fit givre dans les larges plaines de neige, elle se mit à leur recherche. Surtout le Capitaine. Sa traque sans fin commençait, elle marcha, de longues nuits, c'était tout un continent. Elle fixa l'horizon, chercha d'autres. Elle se confronta à des monstres, aux populations locales peu ravies de voir un cadavre ambulant. Elle fut par dizaine de fois rejetée. Elle fatiguait, elle se sentait mourir.

Alors elle décida simplement de tuer. Sans comprendre, sans chercher à réfléchir. Sa dague égorgea, mangea de ses crocs la fine peau d'un cou sans doute trop jeune pour mourir. Le sang coula dans la gorge desséchée de Tyrhan comme un hydromel salvateur. Elle reprit sa route, tuant de nouveau sans discernement. Ne cherchant que la survie. Et le Capitaine.

Dommage. Quel dommage.

Que ce fut Nedran qui la trouva en premier.